Les violences conjugales en société 

Aujourd’hui encore, les violences conjugales peinent à être considérées comme un phénomène social, et leur ampleur est souvent minimisée.

Des violences socialement banalisées

La violence faite aux femmes est le fruit de longues traditions patriarcales basées sur une conception d’un statut inférieur de la femme. Elles sont puissamment ancrées dans les rapports sociaux, ce qui en fait des délits très tabous, difficiles à identifier et à combattre.

Un effort commun pour parler des violences et lever le voile

Nous contribuons à tolérer, banaliser et de fait perpétuer la violence conjugale, lorsque nous diffusons des idées fausses :

  • « La violence conjugale concerne les milieux défavorisés et les alcooliques. »
  • « Une femme victime de violences, si elle reste, c’est qu’elle aime ça. »
  • « Ça ne nous regarde pas, c’est leur vie privée. »
  • « C’est peut-être un mari violent, mais c’est un bon père. »
  • « C’est de sa faute, elle ne sait pas y faire ou a des comportements problématiques. »
  • « C’est elle qui le provoque. »

L’État tolère la violence conjugale quand les plaintes ne sont pas enregistrées, quand la justice n’est pas rendue, quand des moyens insuffisants sont mis en œuvre pour sanctionner les coupables et aider les victimes, quand les professionnel.le.s ne sont pas formé.e.s.

La société tolère les violences quand le tabou sur la vie privée est plus fort que la dénonciation, quand le silence n’est pas rompu, quand c’est la victime qui porte la honte, quand les enfants exposé.e.s aux violences ne sont pas reconnu.e.s comme des victimes, quand les femmes n’accèdent pas à leurs droits.

Comment s’est installée la violence conjugale ?

Autrefois, les pères de familles avaient un « droit de correction » et même un « devoir de correction » sur leur femme et leurs enfants. Cette vision archaïque de la place subordonnée et dépendante de la femme subsiste dans notre société, car elle est le fruit de décennies d’un rapport dominant/dominé des hommes sur les femmes, et se donne comme terreau à la mise en place de violences.

A l’époque, le terme « femmes battues » était largement utilisé pour qualifier les femmes victimes de violences conjugales. Aujourd’hui, cette notion est considérée comme réductrice, dans la mesure où elle ne prend en compte que la violence physique, omettant toute la dimension psychologique des violences.

Bien que les femmes soient légalement libres de travailler, de se déplacer, de dépenser leur argent, d’exercer leur sexualité, de voter et d’être élues, ou encore d’avoir ou non des enfants, dans les faits, la menace du conjoint ou de l’ex-conjoint violent sert à les maintenir dans la dépendance.

Ce contrôle et cette domination sont encore largement tolérés dans nos sociétés industrielles avancées, bien que l’égalité entre les femmes et les hommes soit aujourd’hui légalement acquise, et la violence juridiquement interdite.

Cette facilité à instaurer une relation de domination est favorisée par la minimisation et la banalisation quotidienne d’actes violents, allant de la micro-agression à l’agression.

Le coût des violences conjugales

Les violences conjugales ont un coût pour la société : elles représenteraient, en France, 3,6 milliards d’euros chaque année, dont 21,5% de coûts directs (médicaux ou non), 66,8% de coûts indirects et 11,7% de coûts pesant sur les enfants.

Ce chiffre représente le total des soins de santé, de recours aux aides sociales, d’arrêts de travail, d’allocations, d’incarcération de l’agresseur.

> En savoir plus sur le coût des violences conjugales et des inégalités